jeudi 17 novembre 2011

Valeur d'usage





Je saisis sa bite que je presse, resserrant mon étreinte, progressive, atteignant mes buts, lesquels demeurent - immuables - de causer ensemble surprise et douleur, l’incrédule satisfaction. Mon sourire alors, sans rigueur néanmoins formel, le terrasse. Il sait que je procède suivant ma nécessité. Le plaisir veut cela, qui croit bannir chaque fois le regain de l’amour, épuiser sans pitié son pouvoir de promesses. Je suis remplie de pitié, donc. Et de désir. Sa queue sera chaque fois surprise. Et il restera mien.
« Chienne » invoque-t-il, et puis ses yeux se ferment. Il est à genoux, moi de même et entre nous l’objet que, tombant et basculant, j’avale, lui m’ayant invoquée. Le signe fut là lancé de procéder selon la norme acquise, le cours immuable. Sa bite disparaît dans ma bouche au rythme, inviolable, d’un tiers supplémentaire à chaque nouvelle attaque. Trois tiers. Son surgissement ruisselle et luit. C’est ainsi. Visible, il retrouve la lumière le temps d’un simple instant de conscience fournissant là tout le but. Le duvet de mon menton caresse les saillances de ce pousse réglant autour d’elle, autour de sa bite, l’étreinte. Puis pour elle, à nouveau, voilà la nuit de ma gorge. Je l’y pousse plus avant, plus au fond, mon pouce descend de même, que je flatte encore. De mon auriculaire enfonçant à présent, à la base de sa queue, la peau tendre, je tranche de celle-ci la chaleur grossière et indécise. J’informe. Il l’espérait. Je repasse, d’un frôlement du même ongle distinct, devant ses couilles qui sont lourdes et dures, et dont j’enroule la convexité tendue selon une voie de reconnaître absolument attendue de lui, issue de quatre mouvements successifs, à l’impulsion bientôt rapprochée. Il est le code d’offrir, à cette servitude ignorante qui le fait gémir sans comprendre encore, une détermination précise, et un immortel souvenir. Celui disant que c’est de moi qu’il râle. Qu’il râlera mieux en moi qu’en n’importe quelle autre, laquelle ne maîtrisera jamais, ainsi que moi, les signes. À cette pensée (simple point atteint de l’office), son esclavage redouble, bien sûr, tout cela est prévu, et avec lui, sa fureur : tel est l’instant médian des grandes transmutations. L’insulte semble s’inviter, mais il lui est pourtant fait droit. Elle participe, procédant de la rage servile, confinant à l’amour. « Chienne » souffle-t-il. Et il souffle, aussi, que je le bouffe, puis d’autres choses, tandis qu’en ses yeux clos s’amasse un filet de larmes que, sans le voir, je sais. «Chienne.» Encore. «Pute.» Et en ma chatte, à son entour imprégnée, dedans cette visqueuse ivresse, très loin, de même les larmes que je sens sont amères, autant que les siennes chargées de liberté. L’eau, nous dit-on, est le lieu de l’angoisse. Peut-être la suite s’explique-t-elle ainsi. Sa main, dès nos larmes, s’élève, passe sur mon dos, sonnant tel un marteau léger, afin de les éprouver, sur quelques de mes vertèbres, sentant sur elles dresser le poil. Une, deux, quatre. La main se pose ensuite, et elle le fait déjà, pour y attendre, tremblant de se crisper, sur le plus opposé, le plus évadé, le plus fuyant de mon cul, le cul de l’autre direction (et voilà que, de la sorte, nous en avons sanctifiées trois). Le sens en est celui de l’Égalité. Car en cette main qui seulement palpite gît une certaine puissance. Celle, niveleuse, de ma dépossession, de mon besoin soudain montré, exhibé, égal. D’où vient que j’extrais de ma bouche sa tige dévorée, indiquant le plafond et le ciel, et qu’à mon tour je râle, et supplie. « Fourre-moi » supplié-je.
C’est l’usage. 

Pour Malika B. (1973-2011) RIP - Sao Maï

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